Cimetières de vélos en Chine : le syndrome d'une société malade

Tout le monde a déjà vu ces images choquantes de cimetières de vélos en Chine. Les revoir aujourd'hui est toujours aussi choquant mais lève le voile sur l'irresponsabilité dont les pays font preuve au profit d'un modèle de société qui est clairement arrivé à bout de souffle.

L'histoire à l'origine de ces cimetières de vélos

Vu d'en haut ces images ressemblent à un tableau coloré, rêveur et intriguant. Mais le rêve laisse rapidement place à la réalité lorsqu'on s'aperçoit qu'il s'agit de centaines de milliers de vélos qui sont destinés à la casse et qui représentent la descente aux enfers du secteur du vélo partagé en Chine.

Dans les années 2010 le vélo en partage a connu un boom phénoménal dans le pays et des dizaines de sociétés proposant des vélos en partage ont vu le jour et avec elles une concurrence féroce.

Pratiques et pas chères ces solutions ont tout pour plaire aux urbains en quête de mobilité facile. Mais problème, il y a tellement de vélos mis en service par ces nombreuses marques que même les trottoirs deviennent impraticables par les piétons. Cette course aux vélos effrénée fera exploser en quelques années la bulle des vélos partagés et ce dès 2018, remplissant d'immenses terrains vagues de carcasses de vélos, qui pour la plupart, n'avaient servi que quelques années et pour d'autres n'avaient jamais été utilisés.

Aujourd'hui il ne reste qu'une vingtaines de sociétés sur la marché qui doivent respecter des règles strictes sur la maintenance, l'encombrement et le rangement des vélos au sein des villes.

Nous n'allons pas revenir en détail sur les problèmes que peuvent engendrer les systèmes de mobilités en partage mais si vous voulez en savoir plus, nous avons déjà développé ce sujet dans un précédent article.

Ce que cette histoire dit de nos sociétés

Ces centaines de milliers de vélos en attente de destruction en disent long sur la manière folle d'organiser nos sociétés et notre consommation. Sur la base d'une concurrence féroce, ces entreprises n'ont pas hésité à inonder les villes Chinoises de vélos en asphyxiant les infrastructures urbaines pour ensuite s'en débarrasser en quelques années seulement.

Si l'éclatement de cette bulle et les conséquences qui en ont découlé sont déjà condamnables, le fait que ces centaines de milliers de vélos aient été détruits l'est encore plus. A l'heure ou nos pays doivent adopter une forme de sobriété dans la production et la consommation, ne pas reconditionner ces vélo quand on sait qu'ils sont au coeur de la transition des mobilités est un crime contre la planète.

La consommation effrénée et facile aboutit toujours sur de telles aberrations et le secteur du vélo en fait aussi parfois les frais. Quand on sait par exemple que la durée de vie d'un vélo en partage est de 3 à 4 ans, on se demande si la solution des mobilités en partage est vraiment vertueuse pour l'avenir.

A titre de comparaison, un vélo vintage restauré et lorsqu'il est bien entretenu peut durer des dizaines d'années.

Penser la consommation et la production de manière plus responsable est une nécessité pour la survie de nos sociétés et la restauration, le reconditionnement et la réparabilité doivent être au coeur de nos politiques économiques.