Une histoire des vélos Peugeot: du champion français toutes catégories à l’icône vintage

Une histoire des vélos Peugeot: du champion français toutes catégories à l’icône vintage

Nés en 1882 à l’époque du Grand-Bi, une mode venue des UK, les vélos Peugeot ont marqué l’histoire du vélo français. Couvrant tout au long du XXème siècle l’ensemble des besoins cyclistes et présent dans le peloton professionnel à très haut-niveau, la marque a laissé une empreinte indélébile dans l’imaginaire de millions de français, s’est offert le luxe de conquérir l’Amérique et a traversé son siècle comme une grande réussie industrielle hexagonale… Jusqu’à la fin des années 80, quand la plupart des marques européennes (Bianchi, Gitane, Raleigh…) ont marqué le pas face à la concurrence asiatique. Un temps cantonnés à une imagerie désuète, les vélos Peugeot ré-incarnent depuis le milieu des années 2000 un art de vivre à la française icônisé, porté par une signature design reconnaissable entre mille.

Spontanément, l’Histoire de la marque Peugeot évoque d’abord une grande épopée automobile française, longtemps signe de progrès et d’émancipation jusqu’à ce que la voiture à moteur thermique devienne symboliquement et progressivement associée au désastre écologique en cours - tout un mode de vie aujourd’hui questionné - quand la société se tourne progressivement vers de nouveaux moyens de déplacement plus respectueux de l’environnement.


Avant la voiture, le vélo Peugeot


Ce que l’on sait peu, c’est que le vélo précède la voiture lorsqu’on remonte la chronologie de la famille éponyme, surnommée « Le Clan des Sochaliens ». Lié à la métallurgie, le clan Peugeot fabrique d’abord de petits objets de la vie quotidienne (dont les fameux moulins à café et à poivre). Le premier modèle de voiture, conçu et produit en 1891 ne vient qu’après une première embardée de la marque montbéliarde dans l’univers du cycle avec les Grands-Bi, tricycles emblématiques de leur époque et qui nous paraissent si étranges aujourd’hui. Cet ancêtre du vélo est peu maniable avec une grande roue à l’avant de 1,36 m et une plus petite à l’arrière qui mesure 40 cm, il comporte également une selle et un frein à levier. Il sort en 1882 et sera un énorme succès – Armand Peugeot ramène l’idée en France après avoir constaté une Grand-Bi mania en Angleterre – en s’imposant comme un symbole de modernité et d’émancipation. Le premier Grand-Bi ne tardera pas à devenir un objet indispensable à la grande société en France, très prisé des femmes notamment.


Dès 1886, trois modèles sont proposés : le bicycle, le tricycle et le Petit Kangourou, sans pédales, avec déjà de premiers modèles pliants. Le succès encourage le clan : l’entreprise familiale se lance dans la fabrication en série. Accessoires et vélos confondus, Peugeot sort 8 000 à 10 000 unités par an. Puis 15 000 avant de passer à près de 20 000 en 1900.


Le Grand-Bi, cet étrange objet peu maniable mais que tout le monde a pourtant kiffé à l'époque.


Entre vélo du quotidien et poursuite de la performance


En parallèle, les nombreuses innovations apportées à ce nouveau moyen de déplacement séduisent et l’usage de la bicyclette, plus pratique et polyvalente, se répand dans toutes les couches sociales en France. Le vélo devient aussi progressivement un sport. À la fin du XIXème siècle des pionniers téméraires arpentent déjà les routes et les chemins en recherche de performance. En 1903 le 1er Tour de France est lancé. La double-nature du vélo se dessine : à la fois objet du quotidien accessible à tous, en même temps qu’un objet de fantasmes héroïques et épiques. Peugeot se pose alors en fabricant majeur de toutes les pratiques du vélo.


Dès le début du XXème siècle, la gamme Peugeot comprend donc les vélos sportifs d’une part (route, piste, avec ou sans chaîne et changement de vitesse) et les modèles pensés pour un usage quotidien et grand public (bicyclettes et touristes hommes, femmes, enfants et pliants). Cette période marque l’ADN Peugeot, celui d’un fabriquant à la fois exigent et démocratique, en refusant de se spécialiser sans ne rien céder sur la qualité des composants et les standards de fabrication. S’enchainent dès lors les modèles robustes, innovants et polyvalents, aux lignes et aux peintures reconnaissables.

La famille Peugeot voit encore plus grand et produit désormais en masse : en 1914 l’usine de Haguenau sort 200 unités par jour. C’est le véritable début de l’épopée industrielle qui traversera l’ensemble du XXème siècle.


Les sportifs équipés Peugeot, eux, s’imposent dès les tous premiers Tour de France. Rapidement, une certaine culture de la performance irrigue le travail de conception des modèles : matériaux, mécanismes, gains de poids sont évalués et améliorés en continu pour remplir les objectifs fixés par la marque sur le terrain du sport de haut-niveau.


Apogée et déclin


La Seconde Guerre mondiale voit l’usine de Haguenau être détruite et la période marque un coup d’arrêt important dans la production de cycles. Mais les vélos Peugeot repartiront de plus belle : en 1960, Peugeot produit 130 000 unités par an, 200 000 en 1964, 400 000 en 1971. L’entreprise atteindra son apogée en 1980, lorsqu’elle bat son record avec plus 800 000 vélos produits chaque année, et représentait alors le quart des vélos vendus en France ! En parallèle, l’équipe cycliste professionnelle continue, elle, d’engranger les succès.


La gamme Peugeot-NS, qui pousse plus loin la praticité du vélo pliant avec un design et un fonctionnement radicalement innovants dans les 60's.


Déjà à partir des années 60, Peugeot est (timidement) contesté par plusieurs autres fabricants sur le marché français. D’abord par les marques hexagonales montantes (Gitane, Mercier…) puis dès la fin des années 70 plus dangereusement par des marques étrangères très agressives commercialement. Assemblés à partir de composants asiatiques, leurs vélos sont moins chers et pas forcément moins disant côté innovation. Dans les années 80, Peugeot décline. A la fin de la décennie, l’entreprise est contrainte de restructurer son activité en cédant son réseau de production à Cycleurope. Peugeot conserve malgré tout l’exploitation des licences et de sa marque. À la fin des années 90, Peugeot cesse d’équiper les cyclistes professionnels. Rideau.


Pour le meilleur et pour le pire, une histoire française


L’histoire de Peugeot s’est écrite comme si elle était indissociable du destin français. Dans son apogée d’abord, où les vélos produits en France équipent les français du quotidien en même temps que ses cyclistes professionnels adulés. Une épopée collective - celle de tous les Français - en même temps qu’un grand roman épris d’héroïsme qui s’est écrit sur les routes du Tour de France. La petite histoire, nourrie et inspirée par la grande.

Dans son déclin ensuite : le déclin industriel de Peugeot fait écho au déclin industriel de la France entière. Dès le début des années 80, la mode est aux services et partout, les usines ferment. Peugeot, elle aussi, délocalise sa production.


Une icône vivante


En 2010, Peugeot Cycles revient avec plusieurs modèles – des « Collector » d’abord - qui rendent hommage aux vélos d’autrefois et des modèles innovants, notamment un premier modèle électrique. Mais Peugeot aujourd’hui, c’est encore et surtout les modèles icôniques d’autrefois. Le vélo de famille qui repose dans une grange et qu’on ressort l’été quand on retrouve les cousins, celui qu’on chipe à une bourse au vélo un dimanche parce qu’on retombe amoureux de ses lignes pures ou de sa peinture rétro – des deux, en fait - le course PX10 monté par une femme croisée un samedi après-midi, et qui file entre les voitures dans un quartier de Paris, Lyon ou Bordeaux. Des icônes, oui, mais des icônes bien vivantes.


Le Peugeot PX10 utilisé par l’équipe Peugeot dans les années 60 & 70. De nombreuses stars du peloton Merckx, Godefroot, Thévenet, Bracke... ont roulé avec un vélo à peu près identique.


On pourrait lister les modèles – ceux qu’on aime plus que d’autres – mais au fond, des années 60 aux années 80, on les aime tous. Et le meilleur moyen de rendre hommage à tous ces vélos icôniques et à ce qu’ils représentent, c’est de rouler avec ces magnifiques vélos d’occasion. De les chiner, de les restaurer, de prolonger leur fiabilité pour qu’on puisse les utiliser chaque jour. C’est ce qu’on essaye de faire chez Saikle, avec nos artisans-partenaires.


Quant à Peugeot, à l’heure où de nombreuses maisons historiques se sont mises à produire de nouveau leurs vélos en France (Mercier, Méral…) peut-être le moment est-il venu de sceller à nouveau le destin de Peugeot Cycles à celui de l’hexagone. Et de renouer avec sa tradition d’innovation, de design, d’exigence. En trois mots : avec le Made in France. En tout cas, chez Saikle, on l’espère !



Timeline


👉 1885-87 : Peugeot Frères commence la fabrication de vélocipèdes, bicycles (Grand-Bi), bicyclettes (deux roues à diamètre égal), tricycles. L’usine de Beaulieu compte 300 personnes.


👉 1898 : Début de la fabrication des tricycles Peugeot à moteur de Dion & Bouton puis Peugeot.


👉 1910 : Accord entre Peugeot Frères et Automobiles Peugeot, réorganisation des activités et des sociétés Peugeot. Peugeot Frères cède l’activité et les usines cycles et voiturettes Lion aux Automobiles Peugeot pour se concentrer sur l’activité outillage et articles ménagers. Automobiles Peugeot prend le nom de Automobiles et Cycles Peugeot.


👉 1914 : La production de vélos est de 200 unités par jour.


👉 1934 : Fermeture de l’usine d’Haguenau afin de regrouper les fabrications à Beaulieu.


👉 1938 : Accord entre la Société des Constructions Mécaniques et Electriques et Electriques Peugeot Loire (Saint-Etienne) pour la distribution de bicyclettes.


👉 1939 : L’effectif de l’usine passe à 3 000 personnes. La production annuelle est de 100 000 bicyclettes, 7 000 motocyclettes et vélomoteurs.


👉 1945 : Remise en route progressive des activités. Reprise d’activité de la SMH avec l’usine de Saint-Louis, allouée par l’Etat en remplacement de celle d’Haguenau, détruite.


👉 1947 : Reconstruction, équipement et mise en exploitation de l’usine d’Haguenau (SMH) pour la fabrication de pièces découpées et accessoires de cycles.


👉 1960 : La fabrication de vélos est de 128 185 unités par an.


👉 1964 : La fabrication de vélos dépasse les 200 000 unités avec 212 980 vélos fabriqués.


👉 1980 : C’est un record. Peugeot fabrique 865 000 vélos dont 458 000 pour la France, soient 19,5% de parts de marché dans l’Hexagone. En 1975, Peugeot a atteint 27,3% de parts de marché en France.


👉 1983 : Les vélos Peugeot passent au carbone.


👉 1988 : Rapprochement de Peugeot Cycles avec Gitane et l'Espagnol Beistegui Hermanos.


👉 1992 : Peugeot laisse à Cycleurope le soin de fabriquer et commercialiser les cycles Peugeot. Cependant, Peugeot conserve la diffusion sous le nom Peugeot et dans le réseau.


👉 2010 : Peugeot Cycles revient grâce à un partenariat mondial avec Cycleurope, premier fabricant européen de vélos. Peugeot présente une nouvelle gamme, une édition Collector produite en série limitée qui se compose de 4 vélos (course, ville, VTT et VTC) et se décline en versions homme et femme. Les vélos Peugeot sont conçus, fabriqués et distribués par Cycleurope.

🔧️ Publié le 23 novembre 2021

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