Les basiques : c’est quoi le vélotaf ?

Les basiques : c’est quoi le vélotaf ?

Je vélotaf ? Tu vélotaffes ? Il velotafe ? Passons sur l’orthographe et la conjugaison, même si « vélotaf » semble s’être définitivement imposé à toutes les personnes du singulier.

Reprenons du début... vélotaf ?


Si vous vous posez la question, c’est certainement que vous vous intéressez au vélo urbain (et même sans doute au vélo en général) depuis pas très longtemps.

Bienvenue, on est tous passé par là, on s’est tous retrouvé façe à un jargon vélo qu’on faisait semblant de comprendre avec plus ou moins de talent pour la comédie sans jamais oser poser la question haut et fort : « euh, au fait, c’est quoi, vélotaf… ? », "là, sur cette bicyclette, ça y est je vélotaf ou pas ?"


Bah on est là, et on va vous donner la réponse discrètement, sous le manteau.


Le vélotaf, c’est tout bêtement le fait d’utiliser son vélo régulièrement (tous les jours, été comme hiver pour les plus engagés) pour effectuer ses trajets du quotidien, et notamment les trajets domicile – travail.


Vous voyez le truc : vélo bah c’est le vélo, taf c’est pour « travail à faire ». Voilà on a décortiqué le mot jusqu’au bout avec un travail étymologique de grande qualité.


Mais, mais, mais...


Pourquoi on dit vélotaf et pas autre chose ?


Pourquoi on ne dit pas « je fais du vélo » ou « je suis cycliste », tout simplement ? Parce que dès que cette pratique du vélo quotidien en ville a commencé à reprendre du poil de la bête, il a fallu se différencier du vélo dit « loisir » ou même du vélo sportif. Oui, le vélo de course, le vélo de route, le VTT qu’on sort le matin tôt, le weekend ou en vacances pour se défouler, chasser le chrono ou tout simplement se faire des souvenirs à la campagne avec des copains copines, à la montagne ou à la mer.


Donc : les vélotafeurs et vélotafeuses sont des cyclistes même s'ils ne se présentent pas toujours comme ça au guidon de leur VAE, mais les cyclistes ne sont pas toujours des vélotafeurs-ses.


Pendant très longtemps, le vélo sportif ou le vélo loisir ont été – presque – les seules pratiques du vélo en France, où le tout voiture avait écrasé la concurrence des mobilités douces et du vélo de ville au contraire d’autres pays d’Europe comme les Pays-Bas par exemple, qui a favorisé l’adoption massive du vélo comme moyen de transport en ville à l’occasion du choc pétrolier des années soixante-dix. À coups de grands investissements dans des infrastructures vélo et pistes cyclables, quelques décennies avant qu'on se mette à faire des aménagements, nous aussi. Malins les Hollandais.


Pendant longtemps, en France, la vie de tous les jours en ville était le domaine réservé de la voiture et des transports en commun et on gardait à la vie au grand air les expressions « faire du vélo » et « être un cycliste ». Chaque chaussette a son tiroir, après tout ça évite de tout confondre, n’est-ce pas ?


Parce qu’en effet être un cycliste, faire du cyclisme, et même faire du vélo et bien ça sonne encore un peu lycra, un peu Tour de France (on salue les coureurs du cru 2022 au passage) un peu VTT dans la montagne escarpée.


Alors que "Vélotaf" ça dit ce que ça dit, et ça dit : je monte sur la selle de mon vélo (presque) tous les jours pour faire des trucs bien sérieux, bien routiniers avec.


Ça fait encore moins fun si on a un vélo à assistance électrique.


En Anglais, on utilise le mot "commute" qui tient à peu près le même rôle. Ça veut dire faire la navette.


Mais au fait, « valotafer », « commuter », ce ne seraient pas un peu des mots barbants ?


Quand on y pense, utiliser son vélo pour autre chose que pour des loisirs, c’est-à-dire pour des trajets réguliers, c’est seulement pour aller au taf ? C’est seulement faire la navette ?


Pour commencer, avec le télétravail, heureusement qu’on sort le vélo tous les jours en ville pour autre chose que pour retrouver les collègues au bureau. On va voir des amis, on va boire un coup, on va faire une petite course, on va retrouver son mec ou sa go, et à l’aller ou plus souvent en rentrant on va peut-être faire un détour devant un bâtiment qu’on aime bien, sur les berges d’un fleuve ou au bord du canal, parce qu’il fait beau et que l’air nous caresse doucement le visage en nous disant de ne pas rentrer là, tout de suite.


C’est juste « vélotafer » ça ?

Pas sûr.


Et vous, vous auriez un mot à nous suggérer à la place de vélotafer ? On est preneur, ici : hello@saikle.fr.

🔧️ Publié le 19 juillet 2022

Parfaits pour le vélotaf (mais pas que)